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    ECRITS D'ANCIENS

     

    LA BIBLE EN FRANCE

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    Nos ancêtres considéraient la Bible comme un Livre sacré. Les chevaliers prêtaient serment sur les Evangiles.  Cependant pendant longtemps l’Ecriture fut bien peu connue du peuple chrétien, toute la science étant l’apanage du clergé qui n’employait que la langue latine.

    A l’époque médiévale, le peuple n’avait en fait pour toute Bible, que les tympans des églises où des scènes bibliques étaient sculptées dans la pierre, les représentations théâtrales populaires, données sur le parvis des cathédrales, et les troubadours qui chantaient les récits évangéliques. La culture biblique des clercs était en général assez limitée et leurs enseignements bien pauvres.

    Pourtant, en dépit de cette insuffisante nourriture spirituelle, il semble qu’une certaine ferveur animait, collectivement au moins, les croyants de ces époques lointaines.

     

    Cette situation devait évoluée sous l’influence de la famille royale.

    En 781, le roi Charlemagne invita un savant érudit, Alcuin, attaché à l’Abbaye St Martin de Tours, à faire une révision sérieuse du texte de la Bible latine qui circulait alors. Son oeuvre fut remarquable. Charlemagne aimait la Bible et avait le souci de la faire connaître.

     

    A cette époque, il faut citer le splendide travail biblique de Théodulfe, Evêque d’Orléans, qui fit lui aussi beaucoup pour répandre sa connaissance.

     

     Robert de pieux, le second Capétien (996-1031) répétait volontiers : « J’aimerais mieux être privé de la couronne que de la lecture des Livres sacrés »

    Louis IX ou saint Louis (1215-1270) fidèle à sa Bible portait toujours avec lui une édition « de poche. » Notons que c’est dans cette Bible de Saint Louis qu’apparaît pour la première fois, la division en chapitres due à Etienne Langdon de Cantorbéry, qui enseigna à Paris.

    Jeanne de Bourgogne, femme de Philippe de Valois, successeur de Philippe le Bel, fut la première personne de la famille royale qui prit l’initiative de faire traduire la Bible en langue vulgaire. Ce fait mérite d’être noté.

    On pourrait encore citer le roi Jean le Bon qui perdit sa Bible à la bataille de Poitiers (cette vénérable Bible se trouve aujourd’hui  au British Muséum)

    Charles V (1337-1380), vouait un grand amour à sa Bible. Il la fit traduire en langue courante et la méditait chaque jour, tête nue et à genoux, afin de la parcourir totalement  en une année.

     

    Charles VIII (1470-1498) fit faire une révisons de la traduction française par Jean de Relly, et la fit imprimer à l’intention du peuple. Ce fut le premier véritable effort de diffusion de la Bible (1496). Il faut aussi retenir le nom de François 1° qui, sous l’influence de sa Sœur, Margueritte d’Angoulême, fit beaucoup pour la diffusion de la Bible en Français.

     

    Henri IV, Louis XIII et même Louis XIV qui fit imprimer à ses frais 20000 Nouveaux Testaments De Sacy « pour les répandre parmi les protestants pour leur  conversion » manifestèrent, chacun à leur manière, leur intérêt pour la Bible.

    Napoléon lui fit toujours une place d’honneur parmi ses livres. On a encore une Bible (de Sacy) annotée de sa main… ce qui prouve sa recherche personnelle.

     

    Dès le douzième siècle, fut ressenti le besoin de disposer de la Parole de Dieu dans la langue de peuple afin que chacun puisse la lire et la comprendre. Pierre Valdo en traduisit une partie en provençal. Elle deviendra la Bible des Vaudois.

    Les Cathares et les Albigeois répandent de leur côté une autre version de la Bible.

    D’autres firent de même. Généralement, ces Bibles en langue d’Oc, langue d’Oïl, en Normand, en Picard… témoignent du passé Biblique de la France.

     

    C’est aussi l’époque ou l’Eglise « officielle » déclenche contre les traductions en langue vulgaire une terrible campagne de répression. Les inquisiteurs accomplissent leur horrible besogne. Les bûchers s’allument pour détruire les Bibles… et ceux qui les lisent ! Tristes pages de notre histoire ! Epoque de grande foi aussi, car beaucoup de chrétiens, zélés et fidèles, transmettront au péril de leur vie, le merveilleux flambeau de la Parole de Vie !

     

    Avec l’invention de l’imprimerie, le XVI° siècle allait donner un essor considérable à la diffusion de la Parole de Dieu.

     

    On ignore beaucoup trop, qu’avant Erasme, avant Luther, il y a à l’origine de cette formidable transformation des idées morales et religieuses, l’effort d’un immense théologien français qui devait libérer la pensée des brouillards du moyen-âge et ouvrir le chemin à la piété évangélique. Il s’appelait Lefebvre d’Etaples. En 1527, logé au château de Blois, protégé par le roi François I°, Lefebvre d’Etable traduisit la première Bible en Français à partir des textes originaux. Un travail rigoureux et sérieux  assurent les spécialistes.

     

    Lefebvre démontre clairement combien la Réforme française est sortie de la redécouverte de la Bible, puisque Farel compagnon de Calvin, Briçonnet et Roussel, autres réformateurs, furent ses disciples.

    Aucun pays n’a fait autant que la France pour la publication de la Bible au temps de la Réforme, en particulier grâce au célèbre imprimeur Robert Estienne, auquel on doit la division en versets… si précieux pour la lecture et l’étude.

     

    Pierre-Robert Olivetan, cousin de Calvin, maîtrisait parfaitement l’hébreu et le grec. C’était un savant remarquable en même temps qu’un homme effacé et un chrétien à la foi solide et profonde. Il publia une nouvelle traduction de la Bible, plus simple, plus accessible, qui constitua un réel progrès.

    La Bible d’Olivetan est à la base de nombreuses révisions : Calvin (1560), Théodore de Bèze (1588), David Martin (1707), Osterwald (1744) dont la dernière révision fut publiée en 1903, par la Société Biblique de France sous le nom de  Bible Synodale. Un texte de grande valeur.

     

    En terminant, pensons à rendre un hommage reconnaissant à tous ces hommes, célèbres ou obscurs, qui dans la prière, souvent au milieu de grandes difficultés, ont travaillé pour offrir à leurs frères la Lumière d’en Haut… et au-delà des hommes, notre reconnaissance revient à Celui qui les guidait, les animait, les conduisait… Que chacun mette au service des autres, le don qu’il a reçu (I P 4.10)